Extraits

L’YEUSE – 1ère partie

Des siècles de paix n’ont pas préparé les prospères citées sœurs au réveil des vieux démons des prières, ceux-là même dont avaient cru s’émanciper de légendaires colons, en franchissant les bords d’un monde oublié depuis longtemps.
Pourtant, dès lors que d’antiques ombres reviennent planer sur les fertiles rivages du jeune continent à peine exploré, dès lors que prennent corps les superstitions les plus fantaisistes, il n’est plus personne, noble ou humble, qui puisse longtemps détourner le regard.
PROLOGUE
Qu’y a-t-il au Nord ?
Tout le panthéon des anciennes divinités était rassemblé sur la plage, certaines toujours nommables, d’autres exhumées d’un oubli séculaire, voire millénaire. Les déesses et dieux à forme humaine se mêlaient à leurs homologues animaux ou hybrides, ainsi qu’à une multitude d’entités pour l’heure tout à fait concrètes et palpables, même si, Mogana Barkos le pressentait, une fois réveillée, elle serait fort en peine de se figurer l’âme d’un volcan, d’un lac ou d’une dune, l’esprit d’un arbre ou celui d’une cascade.
Bien loin du port altier que leur prêtaient encore quelques rares statues et bas-reliefs épargnés par les purges, oubliant leurs antagonismes immémoriaux, les divinités déchues pleuraient, titubaient, trébuchaient et tentaient mutuellement de se soutenir, tandis que d’imperturbables légionnaires revêtus de l’azur des armées d’autrefois les poussaient vers l’océan. Les plus retorses avaient beau protester, bomber le torse face aux piques acérées et crier à l’usurpateur, elles n’en reculaient pas moins dans les flots.
Sitôt qu’eut disparu l’ultime titan dans un petit tourbillon d’écume, un homme s’avança sur la surface devenue d’huile. Tel un cultivateur arpentant une parcelle fraîchement aplanie, il semait à la volée des graines qui germaient presque aussitôt. Il arborait tout à la fois les traits de Mogana, de ses père et grand-père, ainsi que ceux d’autres aïeuls qu’elle reconnaissait, bien qu’ils fussent tous retournés à la poussière des lustres ou des siècles avant sa naissance.
Le semeur rebroussait chemin à travers des blés déjà mûrs pour la moisson quand une lueur apparut dans son dos, à la verticale des Lanternes Sénestrines, comme si une aube désaxée s’apprêtait soudain à éclore au nord. Mais plutôt que de s’élever dans le ciel, la lueur se répandit sur l’océan devenu plaine et Mogana s’éveilla, juste à temps pour échapper à la déferlante de flammes qui menaçait le rivage.
Par-delà les vastes jardins palatiaux, de lointains cris et barrissements trahissaient l’activité de la Tétrapole. Sous le règne d’Hactor Barkos, susceptible huitième porteur du nom, des têtes seraient probablement tombées pour avoir ainsi troublé le sommeil impérial. Moins irascible toutefois que son peu regretté grand-père, Mogana éprouva comme de la reconnaissance envers les laborieuses castes inférieures qui venaient de l’exfiltrer in extremis d’un songe de fort mauvais augure.
À l’affût du moindre signe de réveil, le dernier des quatre camériers à s’être relayés à son chevet la nuit durant entrouvrit précautionneusement un rideau de borstelle peinte, afin qu’un rayon de soleil vînt lui réchauffer le visage, sans toutefois l’éblouir.
« Qu’y-a-t-il au nord ? demanda distraitement Mogana entre deux bâillements. Je t’autorise à me répondre, dut-elle préciser, le serviteur ne pouvant que se figurer qu’elle se parlait à elle-même.
— Les… Les Rugissants, Votre Majesté, balbutia le domestique. Les bords… Les bords du Monde. »
Mogana fit une moue dubitative et, d’un petit mouvement de main, ordonna d’ouvrir plus grand le rideau. Traversé par un rayon solaire, le losange d’or implanté au sommet de la tour Levantine projeta aussitôt son ombre sur le sol de marbre, tandis qu’une main gantée de maille frappait déjà à la porte des appartements impériaux. D’un battement de cils, Mogana intima à son camérier l’ordre d’aller ouvrir et, comme chaque matin, l’homme de faction introduisit le même visiteur, dont la seule évocation du pompeux patronyme réduisait à néant les effets réparateurs du sommeil. « Son Excellence, le Cancellor Écaros Llosécar.
— Qu’il entre… », souffla Mogana sur un ton déjà las.
Selon une coutume qu’elle se promettait chaque matin d’abroger, avant même qu’elle ne posât un pied au sol, le premier parmi ses ministres venait lui servir, en guise de déjeuner, la primeur des nouvelles du Monde, ennuyeuses dans le meilleur des cas, mauvaises le plus souvent. Pas un jour sans qu’un dux ne demandât audience, sans qu’une caste ne s’offusquât de la promotion d’une autre jugée indigne, ou sans qu’un risible roitelet ne se soulevât quelque part dans le sud, l’est ou l’ouest.
« Qu’y-a-t-il au nord ? réitéra Mogana, cherchant, sans grand espoir, à endiguer un instant encore cette première vague d’ennui.
— Eh bien… Votre Majesté…, articula posément le Cancellor pour se donner une prestance et un peu de temps, les savants et très pieux cartographes y situent les terribles Rugissants. Loin de nos côtes, fort heureusement ! précisa-t-il sur un ton qui se voulait rassurant. Lesquels Rugissants balisent, mais vous le savez, j’en suis sûr, les bords du Monde.
— Oui… Oui… J’ai appris cela comme j’apprenais à lire, s’agaça Mogana. Mais quelqu’un en est-il déjà revenu pour nous le confirmer ?
— Elhio nous en préserve ! s’épouvanta Écaros Llosécar en joignant les pouces comme le dernier des bigots. C’est un orgueilleux blasphème que de prétendre vérifier les Saintes Évidences.
— Quelqu’un… en est-il… revenu ? insista pesamment Mogana, qu’avoir à se répéter courrouçait prodigieusement.
— Les orgueilleux impies, que vos sages ancêtres ont contraints à aller vérifier par eux-mêmes la folie de leurs hérésies, ont basculé dans les enfers abyssaux dont ils niaient l’existence.
— Et qu’en savez-vous ? s’enquit l’impératrice, bien qu’elle connût déjà la réponse.
— Une Sainte Évidence, Votre Majesté, récita une fois encore le ministre, joignant toujours les pouces à s’en pâlir les jointures.
— Vous n’êtes guère plus savant ou plus curieux que celui-ci qui vide mon vase de nuit, se désola Mogana en désignant son camérier. Peut-être ferait-il un aussi bon ministre que vous…
— Peut-être », admit le docile hypocrite, comme s’il ne lui en cuisait pas d’être ainsi comparé à un être inférieur d’au moins dix castes. Par une fillette qui plus est.
CHAPITRE I
La Fin de l’Insouciance
« Il se défend comme une couille molle de Trionais ! s’époumonait une matrone aussi rouge d’hilarité que de cervèse. Vous allez voir qu’elle va lui rogner la main avec !
— S’il vous plait…, suppliait en boucle le propriétaire de la taverne. Dame Lyngrid… S’il vous plait… Me l’étouffez pas dans l’établissement…
— Foutue belle mort ! » lui fit observer d’une voix pâteuse un poivrot que Lyngrid devina occupé à se rincer l’œil.
Débraillée au-delà de toute bienséance, à genoux sur le plancher, elle emprisonnait la tête de sa victime dans l’étau de ses cuisses, lui tordant le bras afin qu’il lâchât un pilon de poulet. Lorsque celui-ci finit par tomber, elle le ramassa, l’épousseta vaguement et y mordit à pleines dents. Alors seulement elle desserra l’étreinte et laissa respirer son captif. « Les dieux t’fourrent ! jura ce dernier une fois hors de portée, et dès que son souffle le lui permit. Comme si y’avait pas assez d’bouffe pour tout l’monde ! »
On ne mourait effectivement pas de faim dans la Verte Langue, encore moins la fille aînée de Lermandt de Kestelpriani, douqas de la province. Mais tout a tellement meilleur goût, après une bonne empoignade pour l’obtenir…
« Je l’avais vu la première », se justifia Lyngrid en regagnant une table débordante de victuailles, où gisaient encore plusieurs carcasses de volailles rôties, parmi les bols de purée de tubercules et les légumes luisants de beurre.
En guise d’issue, la fille du patron avait déjà servi des ronds de panais au miel et revenait avec une planche aux relents prometteurs, chargée d’un assortiment de fromages de tous âges, depuis le tendre primeur blanc comme neige, jusqu’au plus agressif des pavés, sec à faire saigner les gencives. « Enfin ! s’écria Falban, le plus vieil ami de Lyngrid. T’es allée les chercher où tes puants, petite ? À l’Austral ? »
Afin que tout glissât sans encombre, vin d’Ouest et cervèse aux châtaignes coulaient en abondance, aussi généreusement que tombaient xaliques d’or et d’argent dans les caisses de l’établissement. Un peu de chahut et de vaisselle cassée n’était pas cher payé pour accueillir cette très rentable bande de gloutons qu’entretenait Lyngrid, aux frais du seigneur son père, pour le plus grand bonheur des meilleures tables de la région.
Croyant qu’on lorgnait à nouveau son juteux trophée, elle s’enthousiasmait déjà à la perspective d’une nouvelle joute, quand elle réalisa que ce n’était pas le poulet qui immobilisait le regard de son vis-à-vis : délacée au cours de la bagarre, sa chemise laissait généreusement entrevoir une vallée au creux de laquelle s’abîmait béatement le tout jeune Vintsan. « Je te rends ton œil ? Ou je le garde au chaud ? » le taquina Lyngrid en se relaçant.
À l’autre bout de la table, deux accortes jeunes femmes, qui n’avaient de serveuses que le titre, serraient de très près Falban, l’aîné du gamin. « Tu présumes encore une fois de tes forces ! l’interpela Lyngrid. Laisses-en donc un peu pour ton petit frère ! Je crois qu’il est temps pour lui de sauter le pas !
— Tu veux pas t’en charger ? osa l’insolent.
— Je ne peux pas déniaiser toute la famille, feignit de s’indigner Lyngrid, j’ai un rang à tenir, quand même. »
Un collectif et tonitruant éclat de rire fit vibrer l’air épais de la salle à manger tandis que s’empourprait le pauvre Vintsan. Bien qu’il traînât avec la bande depuis plus d’une saison déjà, il ne parvenait toujours pas à se décontracter. Il vouvoyait Lyngrid et lui donnait sans cesse du « Dame », voire du « Douqiane », quand bien même chacun savait que ce titre revenait à dame Heïnyse, sa mère, et échoirait un jour à Percine, transparente épouse du non moins terne Thurang, l’ainé des petits frères de Lyngrid.
Elle s’amusait encore de la gêne du gamin quand des cris au dehors détournèrent son attention. Un seul événement était en mesure d’animer plus que d’ordinaire les rues toujours grouillantes d’activité de Chêne-Port : le retour des larus. Elle planta là ses convives et, le pilon de poulet toujours à la main, se rua hors de l’établissement.
La foule massée sur les quais masquait la vue, mais Lyngrid connaissait un poste d’observation qu’elle seule pouvait se permettre d’escalader sans que personne n’y vît un manque de respect. Avant d’entamer l’ascension, dans un élan de générosité, elle céda son poulet au chien des rues jaunâtre déjà occupé à le lécher discrètement.
« Salut Grand-père ! » claironna-t-elle en se hissant sur l’épaule de l’imposante statue de pierre, occultant par souci de simplicité les trop nombreuses générations la séparant de ce lointain ancêtre qui, jadis, avait pris en main et baptisé du nom de « Chêne-Port » ce qui n’était encore qu’un modeste agglomérat de cabanes peuplé de pêcheurs, de trappeurs et de tanneurs de peaux.
Les larus en approche tombaient déjà leurs voiles carrées ornées du Chêne Vert, blason familial des Kestelpriani, mais auquel s’identifiaient volontiers tous les habitants de la Verte Langue. Six navires étaient partis au tout dernier jour de l’hiver, mais seulement cinq faisaient leur retour dans la crique. Ils étaient encore trop loin pour qu’on distinguât les noms peints sur leurs coques, et il fallut à Lyngrid attendre un interminable moment dans l’angoisse.
Quoique saignant pour les enfants et les femmes que la mer privait de pères, de maris ou d’amants, son cœur n’en adopta pas moins le doux rythme du soulagement à la vue du Vendangeur rentrant à bon port. Le tonnelier, à la cale spécialement aménagée pour accueillir foudres, tonneaux et amphores, ne lui ramenait pas que du vin de Picem ou d’autres liqueurs exotiques. Il avait à son bord un autre type de cargaison tout aussi précieuse et enivrante…
Il ne fallut pas longtemps au sous-capitaine Benyiam pour avoir l’idée de jeter un regard en direction de la statue, et Lyngrid devina, plus qu’elle ne le perçut réellement, le petit clin d’œil qu’il lui adressa. Le déchargement des bateaux et les formalités portuaires prendraient le reste de l’après-midi, bien plus de temps qu’il n’en fallait pour réserver une jolie chambre et surtout faire un brin de toilette. C’est bien connu, après des jours de promiscuité malodorante, le marin apprécie les femmes savonnées de frais.
Bien décidée à combler l’intégralité des sens de son ami durant une longue nuit qui s’annonçait tout sauf reposante, Lyngrid fit un détour par le marché. Elle y dégota le plus sec des saucissons de cochon noir des bois, un litre de vin miellé et une coûteuse semi-jarre d’eau-de-grain, forte à vous faire tomber les dents, mais dont raffolait son invité.
Idéalement située à l’écart du port, un peu en retrait de la route reliant ce dernier à la forteresse de Kestelpriani, l’Auberge des Clarines revêtait tous les aspects d’une auberge ordinaire, même si l’on y devinait surtout des pensionnaires qui n’auraient précisément pas dû s’y trouver. La présence d’un troupeau de vaches pâturant tout autour de la bâtisse n’était d’ailleurs pas étrangère à cette spécialisation. S’en approchait-on, à n’importe quelle heure du jour ou de la nuit, que les bestiaux s’affolaient et faisaient tinter les cloches de bronze pendues à leurs cous, offrant le temps, à qui en ressentait l’urgence, de disparaître derrière une tenture ou via une porte dérobée.
Ariadine, solide maîtresse des lieux, aussi prévenante envers ses habitués que rude avec son docile époux, ordonna à ce dernier de préparer un baquet d’eau fumante dans lequel ne tarda pas à s’assoupir Lyngrid, après avoir fait un sort au vin miellé pour tromper l’impatience.
Le bain était plus que tiède quand Benyiam l’en sortit pour la déposer sur le lit, dégoulinante et tremblant autant de désir que de froid. Elle l’accueillit en elle sans attendre, cinquante jours d’éloignement leur ayant à tous deux tenu lieu de préliminaires.
Il est des hommes qui quémandent les faveurs des femmes avec des bijoux, des promesses ou des bouquets de fleurs. Mais les perles de scories des prétendants les plus modestes, pas plus que l’or, les pierres ou les promesses des plus fortunés, n’avaient d’effet sur le désir de Lyngrid. Quant aux fleurs, elle les préférait dans les prés. Si elle ne dédaignait pas s’y vautrer en bonne compagnie, elle ne voyait en revanche aucun intérêt à les arracher à leur milieu naturel, pour les regarder s’étioler entre quatre murs. Benyiam, lui, était un homme selon son cœur. C’était à l’aide d’un adorable tonnelet, sélectionné à son intention dans les grottes à vin de Picem, qu’il entendait la courtiser et l’enivrer, pour jouir d’elle encore et encore, de toutes les façons envisageables, et ce jusqu’à l’épuisement mutuel.
Après un assaut digne des poèmes épiques hérités de l’Antique, alors que Lyngrid redescendait doucement du petit nuage de plaisir sur lequel l’avait aidée à se hisser son ami, celui-ci attrapa la semi-jarre et se mit à siroter l’eau-de-grain, tout en énumérant les étapes de son périple.
Saune tout d’abord, la cité des Paludiers, chez qui on avait fait le plein de sel à l’aller pour le troquer tout au long du voyage. Puis Effuges, et son fleuve qui se divisait en des dizaines de bras pour rejoindre la mer, irriguant au passage les cultures maraîchères. « Tout le monde est vouté là-bas, expliqua Benyiam, même les jeunes ! C’est à force de repiquer et de cueillir. Des vrais crevards, crois m’en ! Même les plus besogneux d’ici passeraient pour des bons à rien à l’ouest. Et ça ne parle que boulot…, soupira-t-il. Même au repos. »
Si les infatigables cultivateurs du Delta se montraient en effet intarissables au sujet de leurs sacro-saints fruits et légumes, ils gardaient en revanche jalousement le secret quant à cette technique qui leur permettait de conserver une partie des récoltes dans de petites timbales d’acier cachetées de cire. Une marchandise qu’ils négociaient à prix d’or, mais qui vous permettait de varier les menus jusqu’au cœur de l’hiver. Toute une cargaison de ces petits pots dits « magiques » reposait désormais par le fond, au large de Larrivée la cité mère, où il avait été question de les revendre avec un joli bénéfice.
Benyiam but une longue gorgée à la mémoire des camarades disparus dans le naufrage du Marchandeur puis passa la jarre à Lyngrid, afin qu’elle sacrifiât elle aussi à l’hommage. Le breuvage brûlait tout sur son passage. Rien à voir avec le délicieux goût de malt qu’il donnait aux baisers de son ami.
« Des tempêtes et des marées pareilles au milieu du printemps, c’est pas normal, marmonna Benyiam. Même le capitaine Hortensio ne se souvient pas avoir déjà vu ça…
— Vous n’étiez pas censés revenir aussi tôt, se souvint Lyngrid.
— C’est vrai. Passée la pointe ouest, on aurait dû contourner la presqu’île aux phoques et rendre une petite visite aux chasseurs des mers glacées. Depuis le temps que j’en rêvais de voir la baie des Cètes… On y aurait changé le reste du sel contre un peu de viande de baleine, et aussi quelques barriques de cette huile qu’ils tirent de leurs poiscailles géants. Mais dans le port de Picem, une fois embarquée la vinasse, on nous a raconté de drôles d’histoires…
— Les marins avinés racontent toujours des histoires à dormir debout…, soupira Lyngrid, que tant d’ivrognes de passage avaient assommée d’affabulations toutes plus délirantes les unes que les autres, au sujet d’îles tantôt givrées, tantôt fumantes, d’hommes verts devenant bleus à mesure que s’embourbait le récit, d’obèses sirènes lascives et de calmars gros comme des montagnes.
— Ceux qui reviennent…, lui concéda gravement Benyiam. Mais on dit qu’au moins dix bateaux ne sont jamais rentrés des mers glacées. »
Lyngrid siffla et fit mine de s’étonner : « Dix ! Rien que ça ?
— Dix, dans une histoire de soûlard, ça doit bien faire cinq ou six en vrai, estima Benyiam. C’est déjà pas mal ! On parle d’un mage noir, continua-t-il à mi-voix. Qui aurait fait main-basse sur toute la baie. Paraîtrait qu’il la surveille au dos d’un lézard ailé. Même que depuis Picem, certains l’ont vu voler au-dessus des montagnes.
— Et allez…, souffla Lyngrid tout en caressant nonchalamment le ventre musculeux du conteur. Des dragons maintenant…
— Qu’est-ce que tu me parles de dragons ? Un lézard ailé, qu’on m’a dit.
— En parlant de lézard… », ricana la moqueuse en tapotant le sexe flasque de son amant.
De quelques baisers bien sentis, elle rendit au membre sa vigueur perdue, et les dragons, baleines ou noyés furent vite oubliés. Puis elle se donna longuement du plaisir en chevauchant Benyiam qui l’observait en souriant, les mains tranquillement calées derrière la tête. « À mon prochain retour, je t’épouse ! » lâcha-t-il en même temps qu’un reliquat de semence prudemment expulsé à l’air libre.
Lyngrid s’esclaffa avant de réaliser qu’il ne plaisantait pas. « Quoi ? se vexa-t-il. Je ne suis pas assez bien pour la jeune dame de Kestelpriani, c’est ça ? Ta mère est bien la fille d’un forestier. Ça n’a pas empêché ton père de la marier. Un capitaine de sa marine marchande, c’est pas si mal comme gendre.
— Sous-capitaine, corrigea Lyngrid en se laissant glisser sur la couche.
— Pour le moment… », lui concéda Benyiam.
Il y aurait eu tant de jolies choses à se dire après un si délicieux moment. Ou moins jolies d’ailleurs… Par exemple, lui avouer comme il pensait vivement à elle le soir, bercé par la houle et son poignet, dans le secret de sa couche de toile suspendue. Ou lui parler de cette fameuse venelle des Caresseuses, dans le port de Larrivée, qu’évoquaient, rêveurs, tous les marins, mais où il jurait ses grands dieux n’avoir jamais mis un pied. Tout aurait mieux valu que ces pénibles histoires de mariage. Pourquoi avait-il fallu que cet idiot gâchât tout ?
Les six frères cadets de Lyngrid avaient déjà contracté toutes les unions à même de consolider le rang de la famille Kestelpriani. C’était la seule raison pour laquelle ses parents lui lâchaient la bride, la seule raison pour laquelle on ne lui collait plus de prétendants entre les pattes. On la laissait vivre à sa guise, en garçon, à traîner bois et tavernes pour chasser et festoyer. Et voilà que ce couillon se proposait de lui construire une petite cage où végéter, tandis que lui continuerait de courir les mers.
« Je suis certaine que tu peux trouver bien mieux à faire avec ta langue », le provoqua-t-elle en lui fermant la bouche, d’un doigt si appuyé qu’il lui pâlit les lèvres.
Piqué dans son orgueil, le marin allait relever le défi quand des meuglements retentirent au dehors, soutenus par le tintement des clarines puis le bruit de sabots piétinant le petit parvis de l’auberge. Dans la chambre voisine, on devinait un branle-bas de combat et des portes claquèrent un peu partout dans l’établissement. Une main gratta alors à celle de l’alcôve réservée par Lyngrid. « Dame, appela Ariadine de sa voix feutrée, quelqu’un de vos amis vous demande. »
Le visiteur impatient investit la chambre sans même attendre d’y être invité. « Falban ! s’étonna Lyngrid. Qu’est-ce qui se passe ? » Il semblait trop préoccupé pour se soucier de la nudité des deux amants, mais il en allait tout autrement pour Vintsan, son jeune frère entré à sa suite. Confus, le garçon ne savait où poser le regard.
« Les hommes de ton père te cherchent partout. On t’a pris un cheval. Tu dois foncer au château », asséna Falban beaucoup trop sobrement. Lyngrid le connaissait depuis l’enfance. Depuis que son père avait pris le sien à son service comme maître d’écurie. Aussi bon vivant qu’elle-même, il arborait toujours, au minimum, l’ébauche d’un sourire. Mais sa mine en cette heure était si grave qu’elle n’osa pas le questionner tandis qu’elle s’habillait à la hâte et abandonnait son marin. Le galop auquel ils astreignirent par la suite leurs montures sur la route qui sillonnait la forêt ne fut pas de nature à apaiser ses craintes.
Après les planches du pont-levis de la forteresse, les sabots martelèrent les pavés de Kestelpriani, se joignant aux coups de maillets qui troublaient déjà le sommeil de la cité. Le sang de Lyngrid se glaça quand leur trio contourna la place sacrée, inhabituellement éclairée de toutes ses torches. Des charpentiers achevaient d’y dresser la structure d’une tonnelle et une dizaine d’hommes déployaient déjà la grande toile de lin qui la draperait bientôt. D’instinct et malgré l’obscurité, elle la devina du traditionnel jaune paille, symbole consensuel du deuil selon la plupart des cultes encore vaguement pratiqués dans la région.
Dans la cour du château, elle aussi éclairée de toutes ses torches, les Capes Vertes de la garde douqiale allaient et venaient dans une ambiance de panique générale. Alors que Vintsan se proposait d’aider Lyngrid à descendre de cheval, ainsi qu’il seyait de le faire pour une vraie dame, elle l’ignora en bondissant par-dessus lui et se précipita vers la plus petite des trois tours, dont la grande halle d’honneur occupait tout le premier niveau.
Les deux hommes en faction devant la porte principale la regardèrent tristement et le silence l’assaillit dès qu’elle eut poussé l’un des lourds battants. Les pas de quelques serviteurs frôlaient à peine le dallage et seuls résonnaient sous le haut plafond les pleurs d’une femme. Lyngrid connaissait la force de caractère de sa mère ; une mort naturelle n’aurait pas plongé dame Heïnyse dans un tel désarroi.
Tant que la vie suit paisiblement son cours, on se figure aimer tous ses proches de la même manière. Seule la perte définitive est à même de trahir l’indicible vérité. De toutes les personnes que chérissait Lyngrid, l’une de celles étendues sur la vaste table, autour de laquelle s’étaient tenus tant d’heureux évènements, était précisément l’être dont la mort pouvait lui causer la plus violente déchirure.
Elle poussa un hurlement de bête blessée à la vue d’Aréos, le plus jeune de ses frères, dont une immonde balafre fendait l’adorable visage en une terrifiante diagonale. Une blessure au ventre, moins spectaculaire mais plus décisive, avait laissé s’échapper tant de sang que ses précieux vêtements en étaient rigides et noirs. Un coup similaire avait eu raison de Marna de Coriaire son épouse, tout aussi jeune et délicate que lui.
La porte dissimulée derrière la cathèdre seigneuriale grinça et la vénérable Gorqa, perdue dans les replis de sa lourde robe de bure, entra au bras du père de Lyngrid. « Voilà pourtant dix ans que je mets en garde le Sénat ! fulminait le douqas, poursuivant une conversation entamée dans la galerie privée.
— Ils ne pourront plus ignorer la menace désormais… », soupira la scribe.
Des larmes perlaient au coin de ses yeux quand, d’une main tavelée, elle caressa tendrement la chevelure ensanglantée d’Aréos, mais elles disparurent dans les reliefs de ses cernes avant même de pouvoir couler sur ses joues.
Lermandt de Kestelpriani vint se poster derrière dame Heïnyse et, les mains tendrement posées sur les épaules accablées de son épouse, plongea le regard dans celui de sa fille. Lyngrid y lut qu’il attendait d’elle quelque chose. En cette heure, elle était prête à tout. Au nom de son petit frère, elle chevaucherait coude-à-coude avec sa famille pour obtenir vengeance. Qui que fût l’ennemi. Quel que fût son nombre.
CHAPITRE II
Une Colère Millénaire
Puant aussi fort qu’une vieillarde incontinente, l’orgueilleuse Trion était bien inspirée de se proclamer elle-même « Doyenne des cités ». Remontée du sud via l’estuaire, une brise marine relevait d’une pointe de sel les affreux remugles citadins, faisant de la respiration un exercice pénible pour des narines accoutumées aux grands espaces.
Du haut de son jeune et fougueux étalon pie, Manii grimaçait de dégoût chaque fois qu’il lui fallait consentir un regard aux larves qui grouillaient dans la fange des rues. Si son père ne lui avait ordonné de nettoyer son arme avant de quitter le camp, nul doute que tous ces moins que rien se seraient autrement pressés de déblayer le passage, à la vue de la hache souillée de sang coagulé. Il avait obéi à regret, alors qu’il comptait l’exhiber quelques jours encore, afin d’impressionner les hommes de son père qu’il serait tôt ou tard amené à commander.
Tuer s’était révélé encore plus facile et grisant qu’il ne se le figurait. L’autre garçon avait à peine eu le temps de porter la main à son glaive que la hache lui fendait déjà le visage. Quand Manii, devenu vieux, se remémorerait cette première vie fauchée, il préférerait probablement se souvenir d’un homme. Pourtant « garçon » était exactement le mot qui convenait, même si celui-ci devait le devancer d’au moins quatre ou cinq années.
C’est que les larves mûrissaient lentement, à l’abri de leurs cocons de pierre, cachées dans les jupes maternelles, au coin douillet des cheminées. Chez les Andralogans, comme aimaient à le rappeler les guerriers, on ne s’encombrait pas d’un état transitoire entre l’enfance et l’âge d’homme. On cessait d’être un mioche sitôt apte à se tenir sur un cheval au galop.
Un second coup dans le ventre avait suffi à achever le délicat rejeton du douqas de Kestelpriani. Dans l’euphorie de ce baptême du sang, Manii avait jugé charitable d’adoucir le séjour en enfer de sa toute première victime en lui adjoignant sa bien-aimée.
« Je les voulais vivants ! Je devrais t’écorcher vif, sale petit fanatique ! » avait vociféré son père, les yeux mouillés de larmes, en le soulevant par le col pour le projeter à l’autre bout de la tente. N’importe qui d’autre serait mort à sa place. D’ailleurs, les hommes qui l’avaient accompagné et laissé faire avaient tous été exécutés. Personne ne désobéissait impunément à un ordre du chef Vanii, l’homme qui avait rendu au peuple andralogan sa fierté perdue mille ans plus tôt, quand Trion le bannissait hors des murs qu’il avait pourtant contribué à faire sortir de terre.
De là venait l’aversion des Andralogans pour la pierre et le durable. Ils n’avaient pas eu besoin de consigner leur histoire dans de fragiles rouleaux pour maintenir à vif la blessure, aussi cuisante que si l’affront avait été renouvelé auprès de chaque génération. Mais la vieille cité ne regardait plus d’aussi haut ses parias d’autrefois. Trion s’était soumise depuis déjà dix années. Manii peinait d’ailleurs à comprendre pourquoi elle était encore debout, pourquoi son père laissait les sénateurs se prêter à leurs mascarades, comme s’ils décidaient encore de quoi que ce fût depuis leur stupide salle ronde, assis sur leurs vieux culs trop gras. « Nous avons besoin des Trionais », prétextait évasivement le chef Vanii, chaque fois qu’on le questionnait à ce sujet.
Seulement âgé de onze ans, Manii était encore, selon son père du moins, dans le temps de l’écoute et de l’obéissance. Mais bientôt viendrait son heure de mener le peuple andralogan, tout comme lui incomberait la tâche d’interpréter les signes d’Ahioo, le dieu de ses ancêtres. Il rassemblerait alors jusqu’aux derniers clans que rebutait encore le manque de piété de Vanii et, ensemble, ils raseraient les cités, les champs et les fermes.
Ahioo pourvoyait à tout. C’était l’insulter que d’élever plus de gibier qu’il n’en faisait naître, ou de faire croître plus de récoltes qu’il n’en semait. Ahioo ne pouvait se tromper. Dès lors qu’une ressource venait à manquer, ce ne pouvait être que le signe d’un trop-plein de bouches à nourrir. Le signe qu’il était temps de procéder à une purge. C’était aussi simple que cela. Fallait-il être vieux et fatigué comme devait l’être le chef, pour ne plus reconnaître les Évidences Divines.
Sans lâcher les rênes, ni même vraiment s’en rendre compte, Manii avait déjà pressé pouce contre pouce ses deux poings serrés pour implorer Ahioo de remettre son père sur le droit chemin, quand il réalisa que l’odorante et bruyante cité n’était pas un lieu qui convenait à la prière.
Il revenait selon lui à leur mystérieux interlocuteur, quel qu’il fût, de faire le déplacement, plutôt que de leur imposer une si désobligeante déambulation par des rues nauséabondes. Pourtant, en entrant dans l’auberge qui devait accueillir l’entrevue, le chef Vanii laissa échapper un petit grognement d’aise, comme s’il prisait la moiteur de ces lieux exigus, dont une cheminée saturait l’air d’une chaleur indécente.
La clientèle s’éclipsa rapidement. On avait beau toujours désigner d’inutiles sénateurs, personne n’ignorait qui étaient les véritables maîtres de la cité. Seul demeurait un vieillard, arborant une barbe blanche fraîchement taillée et une toge d’un bleu azuréen, que le chef Vanii salua d’une bien trop cordiale accolade avant de s’attabler. Outré par tant de familiarité, Manii consentit toutefois à s’asseoir lui aussi, sans que le vieillard lui accordât même un regard.
Tout en courbettes obséquieuses et sans qu’on lui eût rien demandé, le tenancier déposa sur la table un pichet de vin et trois timbales. Mais lorsqu’il s’avisa de servir Manii, le garçon l’en dissuada d’un regard chargé de haine. Si Ahioo avait souhaité que l’homme s’enivrât, le vin aurait jailli des sources pour couler des montagnes.
« Ces deux otages étaient la clé de tout, déclara le vieillard après une gorgée. La Lisière t’aurait mangé dans la main. Le gosse a tout fichu par terre », se désola-t-il, feignant toujours d’ignorer la présence du gosse en question. Manii se dressa d’un bon pour protester, mais son père le fit se rassoir d’une pression sur l’épaule, et le vieux put reprendre comme si de rien n’était : « Ne te fie pas à la petite taille de sa cité, Vanii. De Bertugurie au pied des montagnes du nord, jusque Chêne-Port au sud, c’est Lermandt de Kestelpriani qui fait la pluie et le beau temps sur la Lisière. Coriaire se rangera derrière lui quoi qu’il décide. Voilà des années qu’il tente en vain d’alerter le sénat larrivéen quant au péril andralogan. Depuis le jour où tu as pris Trion. Et même avant cela. Cette fois, plus personne n’osera ignorer ses avertissements. Tôt ou tard, il obtiendra des représailles. Il te faut frapper le premier.
— Que fera Larrivée, d’après toi ? sembla s’inquiéter le chef.
— Les dieux n’aident que celui qui s’aide lui-même, pontifia le vieillard. Il en va de même pour la cité mère. Elle soutiendra ses filles, si elles se montrent unies et combatives.
— Coriaire et Kestelpriani vivent du négoce. Les commerçants auront peur de la guerre. Ils ont trop à y perdre.
— La peur pour leurs otages aurait tenu les douqas en respect, mais ils ont désormais une solide raison de haïr les Andralogans. La haine confère de la bravoure, même aux plus mesurés des hommes. »
Sur ces mots, le vieux se fendit enfin d’un regard pour Manii. Un de ces regards affligés dont on accable les marmots après une bêtise. Un regard qui fit définitivement sortir le garçon de sa réserve. « Depuis quand notre peuple traite-t-il avec les vaincus ? osa-t-il interpeller son père. La botte n’a que faire de la bravoure des larves qu’elle écrase », prévint-il ensuite le vieux dont tout disait qu’il était sénateur, depuis sa diction étudiée jusqu’à cette ridicule tenue qui lui interdisait toute activité physique. Mais même emmaillotée dans une coûteuse toge, une larve restait une larve. Le chef n’avait pas à s’acoquiner avec une telle engeance, à se laisser tutoyer ou embrasser. Encore moins à partager le poison des vignes en invoquant de faux dieux pluriels. L’évident mépris avec lequel le toisait toujours le trionais acheva d’exaspérer Manii. « Ta cité n’est encore debout que parce que nous le voulons bien, vieux parasite ! aboya-t-il. Demain nous brûlerons Coriaire, Kestelpriani, son port et ses bateaux ! Nous raserons la forêt hantée s’il le faut, pour brûler aussi cette foutue cité mère ! Et alors, nous reviendrons incendier ce cloaque, car telle est la volonté de… »
« Si Larrivée décide de s’en mêler, nous sommes perdus…, soupira le chef sur un ton défaitiste qui souleva le cœur de son fils.
— À ce sujet, je souhaiterais te présenter quelqu’un », annonça le vieux d’une voix suffisamment forte pour interpeler quatre hommes, attablés dans un recoin si obscur que Manii ne les avait pas encore remarqués.
Trois d’entre eux s’approchèrent d’un pas aussi léger que déterminé. Leurs regards associés embrassaient la totalité des lieux tandis qu’ils cernaient la table, et pour la première fois de sa courte vie, le jeune Andralogan fut impressionné par des étrangers à son peuple. Ces trois-là n’avaient rien des larves s’éparpillant au passage des chevaux. Il émanait de leurs faces impassibles, en dépit des oreilles ridiculement démesurées de l’un d’entre eux, une menace suffisamment évidente pour n’avoir pas besoin d’être soutenue par une quelconque démonstration de force.
Brisant le silence, le quatrième étranger s’approcha en traînant derrière lui sa chaise pour s’imposer à table, à la gauche du vieux. « Mon cher sénateur Septimo, dit-il en s’adjugeant la timbale délaissée par Manii, puisque la vieille Trion s’entête à produire sa propre piquette, en ma qualité d’invité, je me dois d’y goûter. »
Le sénateur se saisit du pichet pour le servir. L’homme trempa ses lèvres, grimaça en déglutissant, essuya d’un revers de main une goutte qui perlait à la commissure de ses lèvres et laissa échapper un petit rot à travers ses dents serrées. Des manières fort peu aristocratiques, qui tranchaient avec ses lourdes bagues et sa toge outrageusement luxueuse. Manii trouvait déjà le vieux sénateur trionais trop richement vêtu à son goût, mais en comparaison de ce nouveau venu, le dénommé Septimo passait pour un loqueteux.
« Plat et ennuyeux comme l’Est, décréta l’homme en vidant le reste du vin sur le dallage. Nous vous le laisserons bien volontiers », conclut-il en repoussant la carafe vers le chef Vanii.

IMMERSION

Si cet univers vous intrigue, que diriez-vous d’y jeter un regard ?
Un regard biaisé évidemment…
Quelque peu désabusée par le 31ème siècle et le désintérêt de ses étudiants pour sa passion, Æwinn, professeure d’Histoire, distille son précieux savoir et ses réflexions, souvent caustiques, dans son journal en ligne.
Une perspective qui permet d’entrevoir ce que l’ère moderne a retenu du passé. L’occasion de vérifier si les hommes, les femmes (et les créatures…) dont L’YEUSE dépeint les destins ont laissé dans l’Histoire une empreinte à la hauteur de leurs exploits ou de leurs méfaits.

