Science Vs Traditions
||Effuges – 8ème Dicapri du printemps 3058||
Après plus d’une décennie d’atermoiements, la poussiéreuse Guilde Trionaise des Historiens a finalement reconnu, du bout des lèvres, ce que soutenaient déjà toute une batterie d’expertises moléculaires, sémiologiques et graphologiques, à savoir que son exemplaire du Traité de Belle Logique est plus jeune de 2000 ans que ce qu’ont toujours soutenu les registres de la soi-disant Doyenne des cités.
Désormais plus raisonnablement daté du XIIIème siècle, le traité n’en reste pas moins un document incroyablement bien conservé, notamment en comparaison de son jumeau, très vraisemblablement écrit de la même main il y a donc de cela environs 1800 ans, et dont ne subsistent que quelques fragiles fragments, exposés au musée de la Tour Carrée de Saune.
Si l’on est quasiment certain que ces deux exemplaires ont été calligraphiés à Saune, les annales de la bibliothèque saunienne, mieux conservées et recopiées que les documents qu’elles répertorient, attribuent la paternité du texte à un contemporain des deux copies. Un certain Lermandt de Kestelpriani, probable membre de la toute jeune noblesse alors en charge d’administrer les colonies orientales de Larrivée. L’histoire perd sa trace sitôt cette œuvre rédigée.
Fidèles à leur conservatisme chaque jour mis à mal par la science, les poussifs historiens trionais persistent quant à eux, en dépit des incohérences stylistiques, à attribuer le Traité de Belle Logique à l’antique Portunctus lui-même.
Si ce Lermandt de Kestelpriani, indubitablement un disciple de l’esclave philosophe, n’a rien apporté de neuf à la méthode du maître, il a du moins le mérite de l’avoir exposée dans un langage accessible à la plupart de ses contemporains, contribuant comme d’autres après lui à faire perdurer cette pensée toujours vivante, sans laquelle notre continent n’aurait probablement pas influé comme il l’a fait sur le cours du monde, pour le meilleur comme pour le pire.
